Association Nationale des Centres d'IVG et de Contraception

Presse


Le traumatisme post-IVG, une réalité scientifique ? Revue de la littérature Dr Laurence Esterle

Auteur : Dr Laurence Esterle, directrice de recherche, Cermes3, Inserm U988, UMR 8211 CNRS, EHSS, Université Paris-Descartes, 7 rue Guy Moquet, 94801 Villejuif cedex

Résumé
Le risque de présenter un trouble psychique, voire un véritable syndrome post-traumatique, après une interruption volontaire de grossesse (IVG  ) fait l’objet d’une controverse scientifique, qui a été particulièrement vive dans la première décennie des années 2000. La grande hétérogénéité des publications tant sur le plan de la qualité méthodologique (le plus fréquemment médiocre) que sur les résultats et leur interprétation doit inciter à la prudence et l’honnêteté intellectuelle dans l’exploitation des résultats tant par les professionnels de santé que par les décideurs et le public.
S’appuyant notamment sur la revue exhaustive et critique de la littérature scientifique réalisée sur le sujet par l’Academy britannique of Medical Royal Colleges en 2011 et sur les publications des dernières années, trois questions seront abordées : 1. Est-ce que l’IVG   augmente le risque de développer des troubles mentaux ? 2. Quels sont les facteurs prédictifs ou les facteurs de risque de la survenue éventuelle de troubles mentaux après une IVG   ? 3. Est-ce qu’il existe une différence selon qu’une grossesse non désirée ait été menée à son terme ou interrompue par une IVG   ?

Conclusion :
1. Aucune preuve tangible ne permet d’affirmer actuellement que l’IVG   peut être à l’origine d’une augmentation de la fréquence de troubles mentaux ;
2. Ce qui ne signifie pas que des femmes ayant eu une IVG   ne présentent pas de troubles psychiques, et notamment les femmes qui présentaient déjà un trouble mental avant l’IVG  , ou qui ont été exposées à certaines formes de violence ;
3. Aucune preuve tangible n’existe actuellement pour penser que les femmes qui interrompent une grossesse non désirée présentent plus de troubles mentaux que celles qui l’ont menée à terme.

Dans la mesure où les facteurs de risque de la survenue de troubles mentaux après une IVG   correspondent à des antécédents de troubles mentaux ou d’exposition à la violence, il appartient donc aux professionnels de santé de rechercher ces facteurs et de prendre tout spécialement en charge les femmes concernées.

Le traumatisme post-IVG, une réalité scientifique ? Revue de la littérature