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Qui est derrière Afterbaiz, le site anti-IVG pointé du doigt par Laurence Rossignol?

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- - Afterbaiz.com

Musique pop, couleurs vives et vidéos face caméra dans le style des "youtubeurs"... Bienvenue sur Afterbaiz.com, un site qui parle explicitement de sexualité, et qui est désormais dans le viseur de la ministre des Droits des Femmes, Laurence Rossignol.

Ce mercredi est le jour de la journée mondiale pour le droit à l'avortement. Un droit que la ministre des Droits des Femmes veut défendre y compris sur internet. Mardi, Laurence Rossignol a annoncé qu'elle allait introduire un amendement au projet de loi égalité et citoyenneté pour élargir le délit d'entrave à l'IVG aux sites internet qui véhiculent des informations biaisées. Dans son viseur, des sites comme Afterbaiz.com, qui, avec un langage jeune et moderne, parlent de sexualité. Le problème de la ministre, c'est la confusion entre un site qui entend faire de l'information tout en étant "manipulateurs" sur la question de l'IVG.

Et, à l'origine de ce site internet, il y a un homme: Emile Duport qui est aussi le porte-parole des "Survivants", un mouvement parisien qui a fait de la lutte contre l'IVG son cheval de bataille. "Ce site est parti d'éducateurs, de pédagogues, de sexologues, d'infirmières scolaires, de gens qui sont en contacts réguliers avec les jeunes et qui ont ressenti le besoin de s'exprimer via le web et répondre aux questions les plus intimes des jeunes. Et nécessairement les questions de la contraception et de l'IVG viennent très rapidement", explique-t-il sur RMC.

"On n'a pas l'impression de désinformer"

"On s'est dit qu'il fallait arrêter les articles convenus. Il faut prendre le jeune au sérieux. Le site fonctionne comme une grande sœur qui parle à sa petite sœur. Et dans ces cas-là, la grande sœur parle franchement. Mais loin de nous l'idée de faire entrave ou d'influencer les jeunes et de les rendre malheureux, ajoute Emile Duport. Ce n'est pas notre intention et on est désolés si on est perçus comme ça".

Et que répond-il à la ministre? "Je ne sais pas vraiment où elle veut en venir. On n'a pas l'impression de désinformer. Elle parle de pressions morales et psychologiques. Mais quand on parle de l'IVG, c'est un sujet violent et qui a une forme de pression en lui-même. Sa démarche est politique, un acte idéologique, une esbroufe". Emile Duport admet "ne pas être favorable à l'IVG": "On pense que la meilleure IVG est celle que l'on évite. On pense que ce n'est pas forcément quelque chose qu'il faut encourager même si cela existera toujours. On n'est pas dogmatique, on dit simplement qu'aujourd'hui il y a quand même une conception sur cinq qui se termine par une IVG. C'est quand même énorme."

"De la manipulation et de la désinformation"

Des positions très critiques sur l'avortement qu'on retrouve donc entre les lignes sur Afterbaiz.com. Problème: le site se présente comme un espace de réinformation sur la sexualité. Il y a donc un risque d'une manipulation du jeune public estime Sophie Eyraud de l'association des centres d'IVG. "C'est à la fois de la manipulation et de la désinformation. Ce sont des messages subliminaux qui, en fait, vont culpabiliser les jeunes femmes".

"C'est très facile de les accrocher et ensuite de leur dire 'Vous voyez, ce que vous faites ce n'est quand même pas bien. Vous pouvez peut-être essayer de le garder'. C'est vraiment pervers", considère-t-elle encore. Et pour lutter contre ces sites, il faudra plus que la création d'un nouveau délit assure les associations qui réclament plus de moyens dans l'information et l'éducation.

Maxime Ricard avec Juliette Droz